Aller au contenu

Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
TRAGEDIE.

Et la perte d’un fils n’eſt pas irréparable,
Aryante vous reſte.

Tomyris.

Aryante vous reſte. Et c’eſt ce qui m’accable.
Le jeune Spargapiſe à mes ordres ſoumis,
Ne me montra jamais qu’un ſujet dans un fils.
Aryante plus fier, n’eſt pour moi qu’un rebelle ;
Son frere mort lui donne une fierté nouvelle,
En vain des Iſſedons je l’ai déclaré Roi,
Il n’eſt pas ſatisfait, s’il ne regne ſur moi.

Gelonide.

C’eſt pour vous ſecourir qu’il eſt venu, Madame.

Tomyris.

Je perce mieux que toi les ſecrets de ſon ame.
Il a beau ſe cacher ; j’entrevois tous les jours
A quel prix il me prête un importun ſecours.
Il adore Mandane, il s’oppoſe à ma haine.

Gelonide.

Je le voi : vous craignez qu’il ne la faſſe Reine,
Et qu’un jour Cyaxare appuyant ſon deſſein,
Ne vous faſſe tomber le ſceptre de la main.

Tomyris.

Non, d’un ſi vain projet je ne m’allarme guére.
Plût aux Dieux qu’à mon fils deſormais moins contraire,
Mandane conſentît à le voir ſon Epoux !
J’aurois bien plus d’eſpoir, & bien moins de courroux.
Cyrus ſeroit trahi ; je ſerois trop vengée.