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TOMYRIS,
Gelonide.

Ah ! Madame, craignez que le Roi votre fils…
Vous ſçavez qu’à vos loix ſon cœur eſt peu ſoumis.
Que ne fera-t-il point pour ſauver ce qu’il aime ?

Tomyris.

S’il oſe l’entreprendre, il eſt perdu lui-même.
Mais il vient, & je dois me contraindre à ſes yeux.



Scène VI

TOMYRIS, ARYANTE, ORONTE, GELONIDE.
Aryante.


QUelles ſont les horreurs qu’on m’aprête en ces lieux,
Madame ? Si j’en croi ce qu’on vient de me dire,
A me donner la mort votre vengeance aſpire.
Car j’adore Mandane, & c’eſt vous dire aſſez
Qu’il faut d’un même fer que nos cœurs ſoient percés.

Tomyris.

Hé ! qui vous fait aimer ma mortelle ennemie ?
Dois-je étouffer ma haine au gré de votre envie ?
Et ne pourrai-je enfin venger la mort d’un fils,
Qu’autant que par ſon frère il me ſera permis ?
Pour vous avoir fait Roi, ne ſerrai-je plus Reine ?
Prince, défaites-vous d’une fierté ſi vaine,