Aller au contenu

Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
TRAGEDIE.

Songez que de ma main votre ſceptre eſt un don :
Je veux regner ici ; regnez dans Iſſedon.

Aryante.

Ainſi donc, je ne dois qu’aux bontés d’une mere
Un ſceptre qui me fut deſtiné par un pere,
Madame Ce dépôt, que vous m’avez rendu,
Etoit donc votre bien, & ne m’étoit pas dû ?
Un fils plus fier que moi, vous répondroit peut-être,
Que même dans ces lieux il peut parler en Maître ;
Et qu’autrefois ſon pere ayant nommé deux Rois,
D’un frere qui n’eſt plus lui tranſmit tous les droits.
Non, regnez, j’y conſens ; & chez les Maſſagetes
Juſqu’au dernier ſoupir ſoyez ce que vous êtes.
Mais ne me forcez pas par une injuſte loi,
A ceſſer d’être fils, pour n’être plus que Roi ;
Et ne menacez plus les jours de ma Princeſſe,
Lorſqu’à la proteger tant d’amour m’intereſſe.

Tomyris.

Je devrois n’écouter que mon reſſentiment :
Mais je pardonne au fils les fautes de l’Amant.
Sçachez que vous n’avez que graces à me rendre ;
Que j’ai plus fait pour vous que vous n’oſiez prétendre ;
Et que ſi le ſuccès répond à mes deſſeins,
Mandane pour toûjours demeure entre vos mains.
Adieu ; mais déſormais par plus d’obéiſſance
Montrez ce que ſur vous peut la reconnoiſſance.