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TRAGEDIE.

ACTE II.


Scène première.

ARYANTE, ORONTE.
Aryante.


NOn, ne condamne pas un ſi juſte courroux…
Mais en vain Tomyris a ſuſpendu mes coups,
Je ſçaurai de mon frere achever la vengeance,
Puiſque ſon meurtrier eſt en notre puiſſance.

Oronte.

Contentez-vous, Seigneur, d’avoir mis dans les fers
Un Roi qui menaçoit d’y mettre l’Univers,
Et jouiſſez en paix du fruit d’une Victoire,
Qui doit vous élever au comble de la gloire.

Aryante.

J’ai vaincu mon Rival ; mais s’il ne perd le jour,
J’ai tout fait pour ma gloire, & rien pour mon amour.
Tu connois ſa valeur : plus elle eſt éclatante,
Plus à ma ſureté ſa mort eſt importante.
Oui, je dois l’immoler, puiſqu’enfin je le puis ;
Et je le crains encor, tout vainqueur que je ſuis.
Tu l’as vu comme moi. Quel courage intrepide !