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TRAGEDIE.

Je vais vous l’envoyer. Noubliez pas, Seigneur,
Que je vous ai chargé d’y préparer ſon cœur.

Cyrus.

Juſte Ciel !

Tomyris.

Juſte Ciel ! Je conçoi quel eſt votre ſupplice.
Mais je vous fais peut-être un plus grand ſacrifice.
Au point que je la hais, ce n’eſt pas ſans effort,
Que je puis me priver du plaiſir de ſa mort.
Enfin vous l’allez voir, lui parler, & l’entendre ;
Et j’en ai dit aſſez pour vous faire comprendre
Que du ſort de ſes jours vous allez décider ;
Qu’il importe ſur-tout de la perſuader.
N’oubliez aucun ſoin, s’il le faut, auprès d’elle.
Prenez les noms honteux d’ingrat & d’infidelle.
Adieu ; pour la sauver menagez les inſtans,
Et le fer à la main ſongez que je l’attens.



Scène V.

CYRUS, ſeul.


FRappé, ſaiſi d’horreur à cet Arrêt terrible,
A tout autre revers je demeure inſenſible ;
Et j’ai preſque oublié qu’après tous mes exploits,
Je viens d’être vaincu pour la premiere fois.
Grands Dieux ! qu’auprès de vous les Puiſſances mortelles