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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/219

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TOMYRIS,

Si ſon cœur pour mes feux ſe déclare aujourd’hui,
Je ne le dois qu’au ſang qui m’unit avec lui :
Ou plutôt, ſi j’aſpire au Trône d’Ecbatane,
Je fonde tous mes droits ſur le cœur de Mandane.
Il eſt inébranlable, & j’oſe me flatter
Qu’aucun Rival ſur moi ne pourra l’emporter.

Tomyris.

L’approche de la mort eſt aſſez effroyable,
Pour faire chanceler ce cœur inébranlable.

Cyrus.

Grands Dieux !

Tomyris.

Grands Dieux ! A m’obéir il faut la préparer,
Seigneur, ou vous réſoudre à la voir expirer.
A lui percer le ſein trop de fureur m’anime ;
Elle mourroit, vous dis-je.

Cyrus.

Elle mourroit, vous dis-je. Hé ! quel eſt donc ſon crime ?

Tomyris.

Quoi ? pour ſes intérêts je viens de perdre un fils ;
Et vous me demandez quel crime elle a commis ?
Ne me contraignez pas d’en dire davantage,
Et, s’il m’échape un mot, craignez tout de ma rage.

Cyrus.

Inhumaine, éclatez ; je l’attens ſans effroi :
Mais épargnez Mandane ; & ne perdez que moi.

Tomyris.

Non ; & de l’immoler ma main impatiente…
Pour la derniere fois, qu’elle épouſe Aryante.