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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/233

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TOMYRIS,

Jouiſſez des tourmens où mon ame eſt en proie :
Moi-même j’ai porté Mandane à me trahir,
Pour trop l’aimer, hélas ! je m’en ſuis fait haïr :
Plus que je ne voulois je l’ai perſuadée,
Et par moi votre rage eſt ſi bien ſecondée,
Que d’un affreux Hymen qui m’ouvre le tombeau,
J’ai de ma propre main allumé le flambeau.
Achevez votre ouvrage : après ce coup funeſte,
Je demande la mort, c’eſt tout ce qui me reſte :
Mon rival eſt heureux, ne me condamnez pas
Au ſupplice de voir Mandane entre ſes bras.
Et pour vous, & pour lui, ma mort eſt neceſſaire.
Oui, Madame ; & ſur-tout gardez qu’on la differe :
Un moment peut changer votre ſort & le mien,
Je vous laiſſe y penſer ; mais conſultez-vous bien ;
Et ſi votre fureur rit de mon impuiſſance,
Craignez cent mille bras armés pour ma vengeance.



Scène V.

TOMYRIS, ARYANTE.
Aryante.


VOus l’entendez, Madame ; & notre ſureté
Nous fait de ſon trépas une néceſſité.
Pour arrêter ces bras dont la vengeance eſt prête,
Au milieu de ſon camp faiſons porter ſa tête ;
Dès qu’il ne ſera plus, tous ces peuples ſoumis,