Ce ſeroit l’épargner que lui donner la mort.
Qu’il vive dans vos fers, que pour prix de ſon crime,
D’un éternel remors ſon cœur ſoit la victime.
Et vous le haïſſez ?
A-t-il rien oublié pour ſe rendre odieux ?
Mais, Seigneur, je le vois ; en vain de ma vengeance
Mon cœur ſur votre amour a fondé l’eſperance,
Et j’ai trop préſumé de mes foibles appas,
Quand j’ai cru…
Ah ! depuis le moment que mon ame éperdue
A pris dans vos beaux yeux cet amour qui me tue,
Vos rigueurs, vos mépris, le bonheur d’un rival,
Ont-ils éteint l’ardeur d’un poiſon ſi fatal ?
Pour vous mettre à couvert des fureurs de ma mere
Prête à venger ſur vous tout le ſang de mon frere,
N’ai-je pas devoué ma tête à ſon courroux ;
Helas ! combien de fois ai-je tremblé pour vous !
Hé bien, ſi vous m’aimez, oſez tout entreprendre.
Pour mettre votre amour en droit de tout prétendre ;
Si ma main eſt pour vous un aſſez digne prix,