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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/240

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TRAGEDIE.

Arrachez à Cyrus celle de Tomyris.

Aryante.

Dieux ! que m’ordonnez-vous ?

Mandane.

Dieux ! que m’ordonnez-vous ? Vous balancez !

Aryante.

Dieux ! que m’ordonnez-vous ? Vous balancez ! Cruelle !
S’il ne faut que mourir pour vous prouver mon zele,
Parlez, mon ſang eſt prêt, il brule de ſortir ;
Mais d’un affreux trépas qui peut vous garantir ?
Et que n’oſera point une Reine barbare,
Si contr’elle aujourd’hui pour vous je me déclare ?
Ne précipitons rien, il eſt d’autres ſecours,
Je puis briſer vos fers ſans expoſer vos jours.
Pour les mieux aſſurer, differons nos vengeances,
Jusqu’en votre priſon j’ai des intelligences.
Oui, Madame, & bientôt tout me ſera permis,
Si le ſuccès répond au ſoin de mes amis.
Aſſuré de vos jours je n’aurai plus d’allarmes,
Pour ſoutenir mes droits j’aurai recours aux armes,
Et vous verrez Cyrus contraint à renoncer
Au vain eſpoir d’un trône où je dois vous placer.

Mandane.

Quel ſupplice pour lui ! je goûte par avance,
Le plaiſir que mon cœur attend de ma vengeance.
Il y manque un ſeul point, c’eſt qu’il en ſoit inſtruit.
S’il pouvoit l’ignorer, j’en perdrois tout le fruit.
Quel triomphe pour moi ; ſi l’ingrat qui m’outrage