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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/241

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TOMYRIS,

Peut ſçavoir que ſa chute eſt mon unique ouvrage !
Qu’il l’apprenne, Seigneur. Avant de le punir,
Pour la derniere fois je veux l’entretenir,
Et dans cet entretien lui montrer tant de haine,
Qu’en cherchant qui le perd, il me trouve ſans peine.

Aryante.

Vous voulez, dites-vous !… Non, ne le voyez pas.

Mandane.

Que craignez-vous ?

Aryante.

Que craignez-vous ? Je crains vos dangereux appas.
Je ne connois que trop que tout leur eſt poſſible.
Cyrus même autrefois n’y fut que trop ſenſible ;
Et ſi ſes premiers feux alloient ſe r’allumer,
Vous l’aimeriez encor…

Mandane.

Vous l’aimeriez encor… Moi, je pourrois l’aimer ?
Que vous connoiſſez mal la fierté de mon ame !
Qu’il vienne ; & mon courroux à vos yeux…

Aryante.

Qu’il vienne ; & mon courroux à vos yeux… Non, Madame,
Je n’y puis conſentir. Pour punir un ingrat,
Le plus profond ſilence eſt plus ſûr que l’éclat.

Mandane.

Vous ne voulez donc pas répondre à mon envie ?

Aryante.

Ce funeſte plaiſir vous couteroit la vie.
Tout m’allarme, Madame ; & je crains en ce jour