PREFACE.
’Est plûtôt pour rendre compte
au Public, que pour appeller de ſon
jugement, que je mets une Préface
à la tête de cette Tragedie. Les
applaudiſſemens qu’on a donnés aux trois derniers
Actes, ſont allés au-dela de mes eſpérances,
& j’entendrois mal mes intérêts, ſi je
recuſois des Juges ſi favorables : ce n’eſt donc
que pour juſtifier mes intentions ſur le caractére
que j’ai donné à mon Heros, que je
m’adreſſe à mon Lecteur. On m’a blâmée de
l’avoir dégradé de toute ſa gloire paſſée, en
lui donnant une timidité qui ne pouvoit convenir
au vainqueur de Pharſale. En effet, dira-t-on,
qui ne ſçait que Jules Céſar fut le
plus audacieux de tous les Conquerans, &
que ce fut du ſeul paſſage du Rubicon, comme
d’un coup de dez, qu’il fit dépendre le deſtin
de l’empire du monde : lorſque fermant
les yeux à tous les périls attachés à la grandeur
de son entrepriſe, il prononça ces paro-