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DE CESAR.

Son rang de ce Conſul sera le ſeul ouvrage ;
Oui, chaque jour pour lui briguant quelque ſuffrage,
Ma main eſt le ſeul prix qu’il en veut demander,
Et Céſar lui doit trop pour lui moins accorder :
Mais lorſque j’en conçois un eſpoir qui me charme,
Céſar, Rome, les Dieux, tout m’agite & m’alarme ;
Céſar comblé d’ennuis glace mon cœur d’effroi,
Rome craignant les fers frémit au nom de Roi,
Et les Dieux s’expliquant par des ſignes terribles,
Semblent nous annoncer les maux les plus horribles.
Et tu peux condamner le trouble de mes ſens !
Puis-je voir ſans frayeur des périls ſi preſſans ?
Ai-je plus de vertu que n’en a Calpurnie,
Au ſort du grand Céſar ſi digne d’être unie ?
Songe aux torrens de pleurs qui coulent de ſes yeux :
De quels gémiſſemens remplit-elle ces lieux ?
Pour fléchir, s’il ſe peut, la colére céleſte,
Elle va conſulter les deſtins à Preneſte ;
Et moi, de leurs Arrêts pour ſçavoir la rigueur,
J’ai beſoin ſeulement de conſulter mon cœur.

Julie.

C’eſt trop vous allarmer : ne ſçauriez-vous attendre
Que les Dieux irrités ſe faſſent mieux entendre ?