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ARRIE ET PETUS,

Cette main dont le coup vous force à ſoupirer
A cauſé vos malheurs, & veut les reparer.
Cette main d’un proſcrit relevant la famille,
Mit le père au tombeau, place au trône la fille :
Et cette main enfin vous éleve en un rang
Qu’on a cent fois payé du plus pur de ſon ſang.
Mais je vous montre en vain l’éclat qui l’environne,
Ce rang vous fait horreur, lorſque je vous le donne.
Je ne dis plus qu’un mot. Vous ſçavez mon amour,
Et je ne voi que trop votre haine à mon tour.
Je vous parle en Amant ; mais vous pourriez peut-être
Me contraindre à la fin à vous parler en Maître.
Du Maître ou de l’Amant, c’eſt à vous de choiſir.
Je vous laiſſe, Madame, y rêver à loiſir.




Scène V.

Arrie, ſeule


MOn choix eſt déja fait. Le plus triſte eſclavage
Eſt moins affreux pour moi qu’un hymen qui m’outrage.
Cruel, regne en tyran, appeſanti mes fers :
Mais crains les juſtes Dieux vengeurs de l’Univers,
Avant la fin du jour j’attens de leur juſtice,
Aux manes de mon pere un ſanglant ſacrifice.
Chere ombre, qui m’entens du ſéjour ténébreux,