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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/298

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DE CESAR.



Scène 5

CESAR, BRUTUS, ALBIN, FLAVIEN.
Cesar.


VOus me voyez, Brutus, dans de mortels ennuis,
Je n’eſpere qu’en vous dans le trouble où je ſuis.
Le Parthe va m’ouvrir une noble carriere ;
Je cours venger Craſſus, le Senat, Rome entiere :
Mais ſi nous en croyons ce qui frape nos yeux,
Ce projet ne peut-être avoué par les Dieux ;
Et ſi nous reſpectons la foi des ſacrifices,
Nous ne pouvons partir ſous de plus noirs auſpices.
Rome, à qui je ſuis cher, dans ce commun effroi
Croit que ce grand peril ne regarde que moi.
Je ne me flate point juſqu’au point de prétendre
Qu’au ſoin de mon ſalut les Dieux daignent deſcendre :
Mais je ſçai ſi le ſort, chez le Parthe ou je cours,
De mes exploits paſſés interrompoit le cours,
Que je ne pourrois pas ſurvivre à ma défaite.
Aprenez donc, Brutus, tout ce qui m’inquiete.
Octave eſt jeune encor, ſeul reſte de mon ſang,
Rome eût pu quelque jour l’élever à mon rang :
Mais à combien de traits ma mort le laiſſe en bute,
Je lui cherche un appui ſur le point de ſa chute.