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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/297

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LA MORT

Rome par ſon auteur jugeant de l’attentat,
Croira qu’en me perdant il veut ſauver l’Etat ;
Et lorſqu’aux grands projets un grand exemple anime,
On doit plus redouter la vertu que le crime :
Ainſi pour m’en punir j’aurois pu l’élever…
Je m’abuſe peut-être, & je vais l’éprouver.
La Fille de Caton tient ſon ame aſſervie :
Pour rompre cet hymen, qu’il épouſe Octavie.
A l’honneur d’un tel choix s’il s’oppoſe aujourd’hui,
Je pourrai juſtement me défier de lui :
Et juſqu’à l’épouſer s’il veut bien ſe contraindre,
C’en eſt fait, de ſa part je n’ai plus rien à craindre ;
Car enfin ſur mes jours s’il oſoit attenter,
A la ſeule Porcie il faudroit l’imputer.
Je ſçai que dans ſon cœur cette fiere Romaine
De Caton contre moi fait revivre la haine ;
Et ſi de ſes beautés Brutus eſt trop épris,
Sans doute de ma mort ſa main ſera le prix.
Eteignons, s’il ſe peut, cette funeſte flâme…
Mais on vient, c’eſt Brutus ; Dieux ! éclairez mon ame.