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DE CESAR.

C’est l’interêt de Rome, & le vôtre & le mien.
Pour notre liberté nous avons tout à craindre,
Et pour perdre un Tyran c’est vertu que de feindre.

Porcie.

Oui feignons, j’y consens, & si c’est trahison,
A qui nous y contraint demandons-en raison.
C’en est fait & j’étoufe un regret qui vous blesse,
Votre vertu m’anime à vaincre ma foiblesse ;
Allez affranchir Rome, n’attendez de moi
Qu’un cœur comme le vôtre incapable d’effroi :
Mais songez bien, Seigneur, que de sa délivrance
C’est sur vos jours que Rome a fondé l’esperance :
Que pour la garantir d’un joug injurieux,
Vous devez ménager des jours si précieux :
Que César doit perir…

Brutus.

Sa perte est assurée,
Tout le Senat ensemble avec moi l’a jurée :
Oui Madame, & le sort, favorable aux Romains ;
Permet que de lui-même il se livre en nos mains ;
Antoine à tous nos coups va l’exposer en bute,
Et croyant l’élever précipite sa chute.