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LA MORT

Octavie.

Sous ces traits odieux puis-je me reconnoître ?

Cesar.

Vous m’aimez, je le sçai : mais Antoine est un traître
Il ose à la révolte exciter mes soldats.

Octavie.

Ah ! souffrez jusqu’à lui que je porte mes pas :
C’est pour me trop aimer qu’il vous est infidéle :
Mais de son repentir fiez-vous à mon zele,
J’attendrirai son cœur à force de pleurer ;
Mes yeux ont fait le crime, ils vont le reparer.

Cesar.

Non, je n’ai pas besoin du secours de vos larmes ;
Sa révolte après tout me cause peu d’alarmes,
Et je puis à mon gré disposer de son sort.

Octavie.

Ciel ! que méditez-vous ?

Cesar.

Ne craignez point sa mort.
Bientôt auprès de moi votre amant doit se rendre ;
Mes ordres sont donnés, je suis prêt à l’entendre.

Octavie.

Examineriez-vous en Juge rigoureux
Un amant qui déja n’est que trop malheureux ?

Cesar.

Je vous l’ai déja dit, pour lui rien n’est à craindre ;
En vain à le punir l’ingrat veut me contraindre ;