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Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/362

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DE CESAR.

Ah ! de grace, Seigneur, demeurez en ces lieux,
Reprenez un soupçon qui vous est favorable,
Des mortels, s’il le faut, je suis le plus coupable :
Croyez tout. J’aime mieux passer pour criminel,
Qu’innocent à vos yeux, vous conduire à l’autel.
Accordez quelque chose à ma frayeur mortelle

Cesar.

Et qu’ai-je à redouter, quand Brutus m’est fidelle ?
On nous attend : allons.

Brutus.

O Ciel ! où courez vous ?
Permettez-moi, Seigneur, d’embrasser vos genoux ;
Ne me refusez pas la grâce que j’implore ;
Et si du nom de fils vous m’honorez encore,
En ce fatal moment souffrez qu’à mon secours
J’appelle un nom si cher pour conserver vos jours.

Cesar.

Et c’est ce nom si cher qui sur-tout, me rassure ;
Brutus, je ne t’ai fait déja que trop d’injure.
Quoi, j’ai pu te confondre avec mes ennemis,
Après t’avoir donné le tendre nom de fils !

Brutus.

Ainsi donc au tombeau ce nom sacré vous guide !
Ah ! songez que ce fils peut être un parricide,
Que vos plus chers amis vous donneront la mort :
C’est ainsi que les Dieux ont reglé votre sort.
A remplir leurs Arrêts ils peuvent me contraindre :
Enfin plus vous m’aimez, plus vous devez me craindre.