— Maître, que faut-il répondre à la jeune femme ?
— Dire que c’est grave, très grave, avec un air vaincu ; invoquer les ressources infinies de la nature.
— La phrase est connue…
— Tant mieux, dit le vieillard.
— Si elle insiste, et veut savoir ?
— Il faut ne pas répondre et détourner la tête…
— Ne lui donnerons-nous pas un peu d’espoir, elle est si jeune !
— Justement, l’espoir s’aggraverait trop chez elle. Mon enfant, il ne faut jamais dire ce qui est à ce point inutile. Cela ne servirait qu’à nous faire taxer d’ignorance et haïr.
— Et lui, sait-il ?
— Je l’ignore. Pendant que je l’examinais — vous avez entendu — j’ai essayé de m’en rendre compte en provoquant ses réponses. Une fois, j’ai cru comprendre qu’il ne se doutait de rien ; une autre fois, il m’a paru se voir comme je le voyais.
De nouveau, ils restèrent sans dire un mot, quelques instants. Il semblait que ces deux savants étaient venus là plutôt pour se taire que pour parler. Ils ne s’étaient presque pas déplacés et avaient échangé leurs rares paroles avec peine, avec précaution.