Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/211

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étendu le long de ce mur, la face au trou. Et cela grandit.

Et puis, des préoccupations de tout genre m’assaillent lorsque je suis seul, délivré des visions et des scènes auxquelles je consacre ma vie. Préoccupations sur ma situation que je gâche, les démarches que je devrais faire et que je ne fais pas, acharné au contraire à écarter de moi toutes les obligations accaparantes, à remettre tout à plus tard, à repousser de toute ma force mon sort d’employé destiné à être emporté dans le rouage lent et le ronron d’une horloge de bureau.

Préoccupations de détail aussi, harassantes parce qu’elles s’ajoutent continuellement, minute par minute, l’une à l’autre : ne pas faire de bruit, ne pas allumer de lumière quand la chambre voisine n’en a pas, me cacher, me cacher toujours. L’autre soir, j’ai été suffoqué par un accès de toux pendant que je les regardais parler. J’ai saisi mon oreiller, y ai enfoui ma tête et étouffé ma bouche.

Il me semble que tout va se réunir contre moi, pour je ne sais quelle vengeance, et que je ne vais plus pouvoir tenir longtemps. Je continuerai néanmoins à regarder tant que j’aurai de santé et de courage, car cela est pire, mais cela est plus, qu’un devoir.

L’homme déclinait. La mort était évidemment dans la maison.

Il était assez tard dans la soirée. Ils se tenaient