Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/281

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chement. L’amoureux, emporté par l’amour, n’avait jusque-là parlé que de lui-même.

Non seulement elle cède, mais elle essaye d’accorder ses gestes aux siens, de faire ce qu’il veut, balançant, tombant avec lui, attentive à son désir d’homme. Mais elle ne sait que se presser et que l’attirer, et cette scène silencieuse est plus pathétique que les pauvres paroles qu’ils se tendent.

Soudain, elle l’a vu à demi-dévêtu, le corps changé de forme ; son visage s’est marqué d’une telle rougeur qu’il m’a semblé un instant couvert de sang, mais ses yeux sourient d’espoir terrifié, et acceptent. Elle l’adore, elle l’admire entièrement, elle le veut. Ses mains pétrissent les bras de l’homme. Toute la vague tentation obscure sort d’elle et monte à la lumière. Elle avoue ce que taisait le virginal silence ; elle montre son brutal amour.

Puis elle a pâli, et elle est restée un instant immobile comme une morte cramponnée. Je la sens en proie à une force supérieure qui tantôt la glace et tantôt la brûle… Son visage, un des plus beaux ornements du monde, si lumineux qu’il semble s’avancer vers le regard, se crispe convulsivement, se désordonné ; une grimace le cache ; l’harmonie ample et lente de ses gestes s’égare et se rompt.

Il a porté sur le lit la grande et suave jeune fille… On voit ses deux jambes écartées ouvrant la nudité fragile et sensible de son sexe.

Il s’est mis sur elle, s’est attaché à elle, avec un grondement, cherchant à la blesser tandis qu’elle attend, offerte de tout son poids.