Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/282

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Il veut la déchirer, s’appuie sur elle, sa tête rayonne d’une sombre rage près de la tête pâle aux yeux clos et bleuâtres, à la bouche entr’ouverte sur les dents comme sur la frange du squelette. On dirait deux damnés occupés à horriblement souffrir, dans un silence haletant d’où va s’élever un cri.

Elle gémit tout bas : « Je t’aime » ; c’est tout un cantique d’actions de grâces ; et alors qu’il ne la voit pas, moi, moi seul, ai vu sa main blanche et pure guider l’homme vers le milieu saignant de son corps.

Enfin le cri jaillit de ce travail de viol, de cet assassinat de sa résistance passive de femme vierge et fermée.

— Je t’aime ! a-t-il hurlé avec une joie triomphante et frénétique.

Et elle a hurlé : « Je t’aime ! » si fort que les murs en ont doucement remué.

Ils s’enfoncent l’un dans l’autre, et l’homme se précipite vers le plaisir. Ils se soulèvent comme des vagues ; je vois leurs organes pleins de sang. Ils sont indifférents à toutes les choses du monde, indifférents à la pudeur, à la vertu, au souvenir poignant du disparu, écrasant tout, couchés sur tout.

J’ai vu l’être multiple et monstrueux qu’ils font. On dirait qu’ils cherchent à humilier, à sacrifier tout ce qui était beau en eux. Leurs bouches se convulsent en s’exposant à la morsure, leurs fronts ont les lignes noires de la fureur et de l’effort désespéré. Une des jambes magnifiques s’étend hors de