Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/35

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hanches ; ses genoux fins étaient rapprochés, et tout le milieu de son corps avait la forme d’un cœur.

… À demi étendue sur le divan, elle présenta ses pieds au feu en soulevant légèrement sa jupe des deux mains, et dans ce mouvement elle découvrit ses jambes qui gonflaient ses bas noirs.

Et ma chair cria, marquée comme au fer chaud par la ligne voluptueuse qui disparaissait, grossissante, dans l’ombre, se perdait dans les profondeurs extraordinaires.

Je crispai mes doigts, le regard déchiré, tellement elle était là presque toute offerte, béante, évasée — le front plongé dans la nuit, tandis que l’éclairement sanglant qui traînait à terre montait désespérément sur elle, en elle, comme un effort humain !

Le voile de la jupe est retombé. La femme est redevenue ce qu’elle était. Non, elle est autre. Parce que j’ai entrevu un peu de sa chair défendue, je suis à l’affût de cette chair, dans les ombres mêlées de nos deux chambres. Elle avait relevé sa robe, elle avait accompli le grand geste simple que les hommes adorent comme toute une religion, qu’ils implorent, même contre tout espoir, même contre toute raison, le geste éblouissant et parfois ébloui !

De nouveau, elle marche, et maintenant, le bruit de ses jupes est un bruit d’ailes dans mes entrailles.

Mon regard, repoussant sa figure puérile, où stagne, distrait, son sourire ; repoussant et oubliant de force son âme et sa pensée, arrache sa forme et veut son sang, comme le feu qui l’assiège et ne