Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/41

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inutiles et utiles… Elle découvre des gestes de coquetterie qui, comme les gestes de pudeur, revêtent une sorte de beauté austère d’être accomplis dans la solitude.

… Puis, à l’instant où, prête et merveilleusement enclose, elle vient de se considérer d’un sublime coup d’œil suprême — de nouveau, nos regards se croisent.

Elle est appuyée d’une main sur la table où brille la lampe sans abat-jour… Sa figure et ses mains resplendissent et le rayonnement libre de la lampe baigne d’un éclat plus vif son menton, le tour de son visage, le dessous de ses yeux.

Je ne la reconnais plus, tandis qu’elle surgit de l’ombre avec ce masque de soleil ; mais je n’ai jamais vu un mystère de si près… Je reste là, tout enveloppé de sa lumière, tout palpitant d’elle, tout bouleversé par sa présence nue, comme si j’avais ignoré jusque-là ce que c’est qu’une femme.

Ainsi que tout à l’heure, elle sourit avant que ses yeux se soient détachés de moi, et je sens la valeur extraordinaire de ce sourire et la richesse de cette figure…

Elle s’en va… Je l’admire, je la respecte, je l’adore ; j’ai pour elle une sorte d’amour que rien de réel n’abîmera, et qui n’a aucune raison ni d’espérer, ni de finir. Non, en vérité, je ne savais pas ce que c’était qu’une femme.

Elle n’assista pas au dîner. Elle partit de la maison le lendemain.

Je la revis au moment où elle partit. Je me trouvais tout en bas de l’escalier, dans le demi-jour