Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/60

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Il se distinguait mal du soir.

Des vêtements noirs ou tirant sur le noir ; des manchettes d’une pâleur laiteuse d’où pendaient des mains grises qui s’effilaient ; un col d’un blanc un peu plus vif que le reste. Sur sa figure ronde et grisâtre, se creusaient les trous sombres des orbites et de la bouche ; sous le menton, une cavité d’ombre ; l’or du front luisait confusément ; la pommette se soulignait d’une barre obscure. On eût dit un squelette. Quel était cet être dont la physionomie présentait cette monstrueuse simplicité ?…

Il s’approcha, s’anima. Je vis qu’il était beau.

Il avait une figure charmante et sérieuse, environnée d’une fine barbe noire, les yeux brillants et le front haut. Une grâce hautaine guidait et raréfiait ses gestes.

Il s’était avancé de deux pas ; puis s’était retourné vers la porte demeurée entr’ouverte. L’ombre de cette porte trembla, une silhouette se dessina, prit corps ; une petite main gantée de noir se crispa sur le battant, et une femme se pencha dans la chambre, la figure interrogative.

Elle devait être à quelques pas derrière lui dans la rue. Ils n’avaient pas voulu entrer ensemble dans la chambre où tous deux se réfugiaient pour échapper à quelque recherche.

Elle poussa la porte ; elle s’appuya toute sur le battant refermé, pour le clore encore plus, avec