Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/78

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juste assez de clarté pour que je visse cette face, la bouche ouverte en un gémissement entrecoupé et chantant, attendant la volupté.

Elle vint, débordante, inouïe. Je la sentis venir comme un événement.

Je comptai jusqu’à quatre. Durant ce fragment de temps, je ne quittai pas des yeux la figure de l’homme qui était là, battant l’air d’une de ses mains, et les entrailles bavantes. Il est grimaçant, souriant, sombre de sang, semblable à un martyr divin, à un archange à la fois vautré et envolé. Il pousse de courts cris surpris, comme ébloui par quelque chose de magnifique et d’inattendu, comme s’il ne s’était pas douté que ce serait si beau, étonné du prodige de joie que son corps contient.

Ils communient en ce moment. Peut-être ne ressent-elle pas de plaisir, elle, mais on peut dire, on voit, on éprouve qu’elle jouit de sa jouissance ; et il y a là un indicible miracle féminin.

— Tu es heureux ?…

J’eus l’impression extraordinaire que c’était à moi qu’elle s’adressait… J’avais presque raison. Puisque j’étais près de sa bouche nue, c’était à moi qu’elle parlait.

Les yeux au ciel, encore enchaîné à elle par la chair, il murmura :

— Je jure que c’est tout au monde !

Puis, tout de suite après, comme elle sentait que le coup de bonheur était fini et ne vivait déjà plus que par le souvenir, que l’extase qui s’était posée un instant entre eux s’échapperait, et que