Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/200

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Lorsque l’ombre revêt de calme la douleur,
Quand le dernier reflet des vitres se fatigue
Sur tes cheveux divins et ton front de pâleur.

Écoute, écoute encor, mendiante d’espace,
Plus loin que le silence et plus profond que tout…
Et c’est l’âme qui pleure et c’est le temps qui passe.

Le temps, le temps sacré qui bénit le cœur fou,
La présence qui fait que l’on parle à voix basse
Dans cette église d’ombre où s’incline ton cou.

Oh ! rêve à la longueur de la tristesse humaine,
Aux vieux palais où va, silencieux, le temps,
À la tranquillité par qui tu devins reine !

Rêve à la profondeur du silence où j’attends,
Aux vieux couples qui vont dans le soleil qui traîne
Et s’aimeront toujours de s’être aimés longtemps.