Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/201

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Ne maudis pas l’attente et les soirs où tu pleures :
Tous les martyrs ont eu leurs infinis chemins
Et tous les grands orgueils sont bénis par les heures.

Puisque l’on devient grand à voir les jours éteints,
Dans la chambre assombrie il faut que tu demeures,
Le crépuscule aux yeux et la paix dans les mains.

Il faut qu’indifférente aux radieux passages,
Toujours seule au milieu de l’ombre et du sommeil,
Tu laisses un à un tomber les grands soirs sages.

Il faut, toi que baigna la gloire du soleil,
Laisser passer sur toi l’après-midi sans âges
Et le soir nimber d’or ton front toujours pareil.

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Pauvre femme qui dors auprès de la fenêtre,
Les mains lasses, le cœur innocent et lointain
Dans le baiser nocturne et frais qui vient de naître,