Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/164

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L’adoption de cette mesure aurait produit à l’État, d’après leurs calculs, un bénéfice net de 92,000 livres sterling par année. Trois autres pétitions, celles-ci au nom des trois principales villes de commerce d’Angleterre, Londres, Bristol et Liverpool, sollicitaient instamment l’abolition de tout monopole pour le commerce de l’Inde. Elles étaient appuyées par les journaux, la presse tout entière, dont la puissance commençait à devenir dès lors formidable en Angleterre.

La Compagnie se défendait avec la même vigueur qu’elle était attaquée. Tantôt, prenant hardiment l’offensive, et mettant en jeu les intentions de ses adversaires, elle les accusait de céder à de mauvaises passions, la haine, l’envie ; elle en appelait alors aux sentiments nobles et généreux pour la protection de ses droits et de ses privilèges. Tantôt elle amplifiait, elle exagérait l’importance de son commerce ; ses achats ne montaient pas à moins de 3,000,000 de liv. sterl. par an ; elle ne payait pas aux douanes moins de 300,000 livres ; l’entretien de ses forts, de ses factoreries, de ses nombreux agents aux Indes et en Angleterre, pouvait être évalué à la même somme. Or, disaient ses publicistes, un commerce libre, c’est-à-dire soumis à toutes les variations, toutes les incertitudes, à tous les caprices des volontés individuelles, pourrait-il jamais produire au pays un revenu net, assuré, de 600,000 livres ? Qui pourrait le supposer ? Qui pourrait surtout en donner l’assurance ? Qui pourrait s’en porter ga-