Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinq ou six semaines ; leur infanterie, quand elle n’est pas chargée d’un poids au-dessus de ses forces, se montre supérieure dans ses marches à toute autre infanterie ; leurs jongleurs surpassent de même ceux de tous les autres pays en contorsions et en tours de force. La délicatesse de leur constitution est accompagnée d’une grande finesse, d’une grande sensibilité de tous les organes des sens, ce qui leur donne une supériorité incontestable dans quelques uns des arts manuels les plus difficiles, par exemple dans celui du tisserand. Les doigts flexibles et la touche légère des Indous paraissent merveilleusement adaptés à la finesse des étoffes qui sortent de leurs métiers ; et ce même instrument dont il se sert pour fabriquer la plus transparente mousseline, produirait à peine un grossier canevas sous les doigts d’un Européen. L’organisation morale de l’Indou n’a pas moins de délicatesse que sa constitution physique ; c’est une sorte de plante sensitive qui se referme sous le toucher le plus léger, qui s’épanouit aux moindres rayons du soleil. Il aime le repos à un point extrême ; un proverbe très répandu dans l’Indostan dit : « Il vaut mieux être assis que debout, il vaut mieux être couché qu’assis ; mais la mort est au-dessus de tout. » Le jeu de panchess, qui a quelque ressemblance avec les dames et les échecs, occupe les Indous des journées entières. La patience et l’intérêt avec lesquels ils se livrent à ce jeu languissant est vraiment étrange ; et ce goût paraît être de tous les temps. Dans le poème du Mahabarata, Judishter, quoi-