Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/315

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armée et l’obligea de s’enfuir à Orissa. Shah-Jehan fit encore de nombreux mais inutiles, efforts pour relever sa cause : ses partisans l’abandonnèrent. Alors, lorsqu’il se vit seul, sans ressources, livré à lui-même, il sentit le remords et le repentir, il écrivit à son père dont il sollicita le pardon. L’empereur accorda ce pardon ; mais il ordonnait en même temps à Shah-Jehan de livrer tous les forts qui çà et là tenaient encore pour lui, et de se rendre à Agra avec toute sa famille. Shah-Jehan éluda ces dernières prescriptions alléguant sa honte et sa confusion à paraître devant un père et un souverain également outragés ; l’empereur n’insista pas, et Shah-Jehan cacha sa disgrâce en parcourant avec une suite peu nombreuse les diverses parties de l’empire.

Jehangire avait dû tous ses succès à un de ses généraux nommé Mohabet : il en avait d’abord éprouvé un profond sentiment de reconnaissance. Mais Mohabet avait dans Noor-Mahl une dangereuse ennemie. Elle disait quelquefois à l’empereur : « L’esclave qui a su affermir la couronne sur la tête d’un roi ne pourrait-il pas l’en arracher ? » Or, dans le cœur d’un souverain, la haine est un sentiment bien voisin de la crainte : des dégoûts de toute espèce furent prodigués à Mohabet, des restrictions de toute sorte imposées à son pouvoir ; le commandement des forteresses situées dans son gouvernement fut donné à ses ennemis, favoris de l’impératrice ; enfin lui-même fut mandé à la cour.