Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

telle est son autorité, la fureur du soldat s’arrête, le sabre rentre dans le fourreau, et le reste de la malheureuse Delhi est épargné. Cent mille cadavres jonchaient les rues ou s’amoncelaient sur les places publiques.

Au milieu de cet effroyable désordre, Nadir fit d’abord saisir le trésor impérial et ce qui appartenait à l’empereur, vaisselle, meubles, bijoux, palanquins, etc. ; le tout montait à environ 40 millions de livres sterling, un milliard de notre monnaie. Les banquiers, négociants et autres riches individus, furent mis à la torture pour les forcer à découvrir ce qu’ils avaient caché ou ce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir caché de leur argent ; une forte contribution fut imposée à la ville, exigée, levée avec une inexorable sévérité ; on vit un grand nombre de riches habitants se tuer de leurs propres mains, afin d’échapper aux tourments qu’ils voyaient infliger à d’autres. La famine et la peste, provenant de tant de cadavres que le manque de temps avait empêché d’ensevelir, vinrent compléter ces maux. Ne se contentant point de cet immense butin, Nadir exigea en outre, comme condition de la paix, que toutes les provinces à l’ouest de l’Indus, Cabul, Tattah et une partie de Multan, seraient détachées de la domination de grand Mogol et ajoutées à la sienne. Toutes ces mesures exécutées, Nadir restitua à Mahomet l’exercice de sa souveraineté, en le replaçant sur le trône qu’il avait dédaigné de renverser. Commençant sa marche ré-