Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/392

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trograde le 14 avril 1739, il quitta Delhi après en avoir été en possession pendant trente-sept jours. Sandut-Khan, l’auteur du fatal conseil qui avait amené cette sanglante catastrophe, mourut à cette époque d’un cancer dans le dos. L’histoire offre peu de calamités semblables à celles qui accompagnèrent la terrible incursion de Nadir-Shah dans cette course à travers l’Indostan. Un derviche, frappé jusque dans sa solitude des cris de désespoir, des longs gémissements, des désolations de toutes sortes qui accompagnaient la marche du conquérant, eut le courage d’en sortir et de se présenter devant Nadir ; il lui dit : « Si tu es un dieu, agis comme un dieu ; si tu es un prophète, conduis les hommes dans la voie du salut ; si tu es un roi, rends les peuples heureux. » — Le conquérant répondit : « Derviche, je ne suis point un dieu pour agir comme un dieu ; je ne suis point un prophète pour conduire les hommes dans la voie du salut ; je ne suis point un roi pour rendre les peuples heureux… je suis celui que Dieu envoie aux nations qu’il a résolu de visiter dans sa colère. »

L’empire, déjà ébranlé, ne devait pas se remettre de ce choc terrible. Il avait atteint l’apogée de sa gloire au temps, d’Ackbar, il s’accrut en étendue sous Aureng-Zeb ; mais, à partir de ce moment, l’administration avait continué à perdre journellement de sa vigueur. À l’époque où nous sommes parvenus, l’empire se composait encore comme sous Aureng-Zeb de vingt-deux provinces ou vice-royau-