Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/427

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mâts, et les autres presque également maltraités. Il n’eut plus qu’à gagner l’asile le plus voisin, et se réfugia dans la bais d’Antongil, où le reste de l’escadre parvint aussi à se rallier. Les navires avaient éprouvé les plus grandes avaries ; les matelots étaient excédés de fatigue ; les pluies de la saison commencèrent à tomber avec une violence inaccoutumée même dans ces climats, et bientôt des maladies épidémiques qui en furent la suite firent de nombreux ravages parmi les soldats et les matelots. La Bourdonnais tint tête à toutes ces difficultés : il construisit un quai en pierre, bâtit des ateliers assez larges pour qu’il fut possible d’y travailler aux mâtures, établit des forges, construisit une corderie. Ces premiers soins remplis, il s’enfonça presque seul dans des forêts malsaines, pestilentielles, pour y chercher des bois propres aux constructions navales. Pour amener ce bois jusqu’au rivage, il fallait franchir un marais en apparence impraticable et d’une lieue de large : La Bourdonnais le traversa d’une longue chaussée. Il fallait encore passer plusieurs fois une rivière d’un cours de sept lieues et n’ayant pas assez d’eau pour faire flotter les arbres, puis au-delà d’un bras de mer large d’une lieue, il resserra le lit de la rivière, il construisit des pirogues qui amenèrent enfin des troncs d’arbres jusqu’aux vaisseaux délabrés. Après avoir passé quarante-huit jours dans ces gigantesques travaux, perdu quatre-vingt-quinze Européens et trente-trois noirs par la maladie, La