Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/429

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demeuré seul à l’avant-garde, allait être écrasé ; les Anglais faisaient force de voiles pour le joindre ; La Bourdonnais, les devançant, couvrit ce vaisseau en soutenant seul, pendant plus d’une demi-heure, tout le feu de l’ennemi. À l’entrée de la nuit, l’escadre anglaise se retira, et le lendemain matin le commodore Peyton assembla un conseil de guerre qui fut d’avis de ne pas hasarder une seconde action ; en conséquence, il fit voile pour Trincomalee, dans l’île de Ceylan. L’escadre française, après avoir offert encore une fois le combat, se dirigea sur Pondichéry[1]. La perte des Anglais n’avait été que de trente-cinq hommes et quatre cents blessés, et celle des Français de trois cents, tant tués que blessés ; en revanche les vaisseaux anglais avaient été plus maltraités : l’un d’eux, celui de 60, menaçait à chaque instant de couler bas.

Depuis plusieurs années, La Bourdonnais nourrissait le projet d’attaquer les Anglais dans Madras même ; mais comme il était impossible d’en faire le siège tant que l’escadre anglaise serait en mesure de s’y opposer, il se décida à tenter de nouveau la fortune sur mer. Il fit à Dupleix la demande de 60 canons pour rétablir de ce côté quelque égalité

  1. La Bourdonnais dit dans ses Mémoires : « Ce ne fut qu’avec le plus vif chagrin que je vis l’ennemi m’échapper. » D’un autre côté, Orme, d’ordinaire si bien informé, prétend que l’escadre française n’aurait pu renouveler le combat. La Bourdonnais n’était nullement fanfaron, et Orme est fort exact, la différence de leurs points de vue peut expliquer cette contradiction dans leurs récits.