Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/434

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paroles étonnent et troublent les Anglais ; cependant ils répliquent qu’ils étaient venus pour racheter leur ville, qu’ils en perdent l’espoir, qu’ils se défendront alors jusqu’à la dernière extrémité ; que dans aucun cas ils ne se rendront à discrétion ; qu’il ne sera pas dit qu’ils auront jamais livré eux, leurs femmes, leurs enfants, leurs propriétés à la merci d’un vainqueur dont rien ne leur garantira la modération… La Bourdonnais les interrompt : « Messieurs, dit-il, vous rendrez votre ville et tout ce qu’elle renferme, et je vous promets sur mon honneur de vous la rendre moyennant une rançon ; fiez-vous à ma parole. Quant à ce qui concerne l’intérêt, soyez persuadés que vous me trouverez toujours accommodant. — Mais, reprennent les Anglais, qu’entendez-vous par être accommodant ? — Ce que j’entends, dit La Bourdonnais, le voici : » et prenant le chapeau de l’un d’eux : « Supposez avec moi que ce chapeau vaille six roupies, vous m’en donnez trois ou quatre, et ainsi de toutes choses. » Les députés anglais, quoiqu’il fût difficile de suspecter la bonne foi de La Bourdonnais, ne se rendirent pas d’abord ; ils insistèrent pour que le prix de la rançon de Madras fût fixé avant l’entrée des Français dans la ville. Ils espéraient ainsi donner le temps à l’escadre anglaise d’arriver, ce qui eût entièrement changé la face des choses. Mais La Bourdonnais annonça résolument aux députés qu’il fallait accepter les conditions proposées, ou s’exposer à toutes les conséquences d’un assaut général. Les