Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/435

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députés retournèrent à la ville ; le feu recommença ; il cessa quelques instants ; à une heure convenue, pour leur donner la faculté de revenir ; ils revinrent effectivement à cette heure, avec le traité signé par le gouverneur. La Bourdonnais, ayant fait lire aux troupes un ordre du jour interdisant le pillage sous peine de mort, se mit en route pour occuper la ville. Le gouverneur, qui l’attendait au bout du pont-levis, lui présenta son épée ; La Bourdonnais s’empressa de la lui rendre, et prit possession de la ville.

Cependant le nabob sortit de la sorte d’indifférence qu’il avait montrée sur le commencement des hostilités : il écrivit à Dupleix pour lui exprimer sa surprise et son indignation de l’audace qu’avaient eue les Français d’attaquer Madras situé sur son territoire. Il demandait que le siège fût immédiatement levé, et menaçait de venir le faire lever lui-même à la tête de son armée. Dupleix apaisa le nabob en lui promettant que Madras lui serait remis aussitôt que les Français s’en seraient rendus maîtres ; il le flattait encore de l’espoir de se faire chèrement payer par les Anglais la restitution qu’il serait à même de leur faire, s’il ne préférait garder la ville pour lui-même. Dupleix écrivit à La Bourdonnais dans ce sens. En sa qualité de gouverneur-général des établissements français dans l’Inde, Dupleix se prétendait en droit de commander dans Madras. La Bourdonnais, de son côté, ne se croyait pas un moindre droit à disposer de sa conquête ;