Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/89

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lippe, devenu maître du Portugal, défendit à ses nouveaux sujets toute relation avec les Hollandais naguère ses sujets et alors ses ennemis ; croyant les ruiner par cette mesure, il les enrichit ; car il leur donna l’idée d’aller chercher aux Indes ces mêmes marchandises que jusque là ils avaient achetées à Lisbonne. Mais les Hollandais n’avaient pas de marins qui connussent les mers de l’Orient, ils craignaient les rencontres des Portugais dans des parages où ceux-ci dominaient, aussi ce fut par les mers du nord qu’ils se proposèrent d’arriver à la Chine et au Japon. Leurs tentatives dans ce sens échouèrent comme avaient fait celles des Anglais ; mais une circonstance heureuse vint les servir. Un marchand hollandais, nommé Pierre Houtmann, était en prison pour dettes à Lisbonne ; ayant parcouru les mers de l’Inde, connaissant la manière d’y faire le commerce, il fit proposer aux magistrats d’Amsterdam de mettre son expérience à leur disposition, à condition qu’ils le tireraient de prison. La proposition de Houtmann fut acceptée avec empressement, ses dettes furent payées, et il se rendit à Amsterdam. Les négociants de cette dernière ville s’associèrent alors en une compagnie qui prit le nom de Compagnie des pays lointains ; ils équipèrent quatre vaisseaux en 1595, et en confièrent le commandement à Pierre Houtmann. Houtmann reconnut les côtes de l’Afrique et du Brésil, toucha au cap de Bonne-Espérance, relâcha à Madagascar, puis aux Maldives, et se rendit aux îles