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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/372

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qu’à une attaque faite avec promptitude et vigueur ; mais l’impétueux, le brillant Bussy, toujours d’une admirable bravoure, était devenu un vieillard aux résolutions calmes et lentes : il réprima l’ardeur de son armée. Le général sir Eyre Coote, un des anciens adversaires de Bussy, accourait alors pour le rencontrer de nouveau sur le champ de bataille. Après un court séjour à Calcutta, il s’était embarqué pour revenir prendre le commandement de l’armée de Madras. Une frégate française donna la chasse pendant cinq jours au bâtiment qu’il montait. Le vieux général, pendant ce temps, demeura constamment sur le pont, rien ne put le déterminer à le quitter. L’impétueux rival de Lally, le soldat de Plassey n’était plus qu’un vieillard faible, débile, irritable ; à la vue de cette frégate, qui ne le quittait pas, et que lui-même ne pouvait se décider à perdre de vue, on l’entendait s’écrier à chaque instant : « Après tant de travaux, qu’il est cruel de tomber entre les mains de mes ennemis[1] ! Sir Eyre Coole parvint toutefois à gagner Madras ; mais les émotions de ces derniers temps avaient été trop fortes pour son organisation affaiblie ; il rendit le dernier soupir peu de jours après. Parmi ses contemporains, le chagrin avait mis fin aux jours de Clive, la hache du bourreau à ceux de Lally, Bussy était devenu comme étranger à ce nouveau monde de l’Inde ; ainsi disparaissent, ainsi se suc-

  1. Sir Thomas Munro, t. I, p. 62.