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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/392

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vraient pas plus décemment ; ils alléguèrent leur pauvreté, mais surtout les lois de leur caste. Tippoo répliqua qu’il exigeait qu’ils portassent des vêtements comme les autres habitants du voisinage ; il leur promit de leur envoyer tous les ans la toile nécessaire ; en attendant il leur fit distribuer toute celle dont il put disposer pour le moment. Ainsi pressés, ces sauvages firent d’humbles remontrances : on les vit se rassembler çà et là en groupes pour délibérer. Les vêtements étaient pour eux un terrible embarras, il leur paraissait affreux de s’écarter des usages de leur caste ; l’émigration, la mort même leur étaient préférables. Ils se décidèrent à abandonner la patrie plutôt que de manquer aux lois de la caste, à aller chercher quelques autres forêts où ils pussent vivre en paix. Après s’être long-temps arrêté à écouter leurs remontrances, Tippoo allait se remettre en route ; mais un des chefs de la tribu, parvenant tout-à-coup jusqu’à lui, déposa aux pieds du sultan une pièce de toile qui avait été son partage, et lui dit : « Sultan, tu vis comme tes pères, laisse-nous vivre comme ont vécu les nôtres. » Le sultan n’insista plus.