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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/413

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le ryot toute sa ruse et son adresse à échapper à cette nécessité. L’absence du zemindar arrêtait d’abord tout court la collection du revenu ; plus tard cette collection devenait presque impossible par l’ignominie attachée par l’emprisonnement à la personne du zemindar. Dans les idées indoues, l’emprisonnement est en effet considéré comme dégradant, infamant. Le gouvernement mogol ne se permettait de l’infliger que dans les cas de flagrant délit ou de crime éclatant.

Toutes les matières qui touchaient au revenu étaient jusque là décidées par les conseils provinciaux et des cours établies sous le nom de dewanny-adaulut. Sous l’autorité des premiers, le mode d’action était simple et facile : un ryot était-il en retard, on lui envoyait un, deux ou un plus grand nombre de peons, qui s’établissaient chez lui et le surveillaient jusqu’à ce qu’il eût payé. La cour suprême fit répandre dans le pays que si les retardataires voulaient s’en rapporter à elle, ils trouveraient la justice et protection. Les débiteurs arriérés apprirent la loi anglaise ; on leur enseigna à faire un procès, comme violation de l’habeas corpus, aux juges du revenu qui employaient ce procédé coërcitif à leur égard ; sur caution, la cour suprême leur rendait aussitôt la liberté. Or, c’était saper par sa base tout le système financier, arrêter court la collection du revenu. Dans l’Inde encore plus qu’ailleurs, la disposition à ne pas payer ses dettes est fort répandue ; tous ceux qui