Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 3.djvu/95

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disait-il, sur l’habileté qu’il a déployée dans son marché avec la Compagnie : le noble lord s’est fait le lion, et la Compagnie le chakal, c’est-à-dire le pourvoyeur du lion ; le lion a déjà dévoré les trois quarts de la proie, et quand il retournera à sa caverne, pressé par la faim, nul doute qu’il ne s’arrange des quartiers restants. Quant à la Compagnie, je déplore sa situation ; elle a été long-temps en convulsion ; la voilà maintenant au dernier degré de consomption ; et c’est alors qu’elle se jette dans les bras du parlement ; comme dans ceux du seul médecin dont elle espère guérison. Pendant deux ans et plus, les directeurs ont fait les affaires de la Compagnie à la taverne le verre à la main. On dira peut-être comme excuse qu’ils avaient chargé un homme, Samuel Wilkes, du soin de penser pour eux, moyennant 400 livres par an ; les dépenses n’en sont pas moins ridiculement plus fortes qu’elles ne l’étaient à mon départ.

« Je le répète, continuait Clive, j’ai servi fidèlement mon pays et la Compagnie. Que ma bonne fortune n’a-t-elle voulu que je fusse employé par la couronne ? Alors, sans doute, je ne serais pas dans la situation pénible où je me trouve en ce moment ; j’aurais été différemment récompensé ; je ne me serais vu réduit à plaider pour ce qui est pour moi plus cher que la vie… Je le dis encore : mon honneur. Il s’en faut bien, monsieur[1],

  1. On sait que dans le parlement anglais l’orateur s’adresse au speaker ou président.