Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/221

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« La sage modération qui a présidé au conseil des vainqueurs, et les a fait se contenter d’une partie seulement des provinces conquises, ne saurait être l’objet de trop de louanges. Si une étendue de territoire n’eût pas été laissée au sultan suffisante pour le rendre respectable et jusqu’à un certain point formidable à ses voisins, la balance du pouvoir dans l’Inde aurait été matériellement dérangée, et de nouvelles guerres auraient été nécessaires pour son rétablissement. Le traité est donc un retour effectué, autant du moins que les circonstances pouvaient le permettre, à notre vieille et véritable politique. » Ces idées étaient effectivement celles de lord Cornwallis ; il se proposait l’établir une sorte d’équilibre et d’égalité respective entre les puissances de l’Inde, telles qu’elles fussent en quelque sorte contraintes de demeurer en paix ; aucune n’ayant plus chance de gagner de grands avantages sur les autres. Dans ce système, les Anglais n’avaient autre chose à faire qu’à devenir une sorte de puissance modératrice. Aussi quand Tippoo, réduit aux extrémités, se vit au moment d’être enfermé, assiégé dans Seringapatam, il arriva une chose assez singulière : lord Cornwallis, qui comme gentleman et officier anglais désirait passionnément le succès des armes anglaises, reculait pourtant comme homme d’État devant les conséquences de ce triomphe. Il craignit que ses succès comme général n’allassent jusqu’à compromettre cette balance du pouvoir que son