Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/281

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le jeune prince une joie égale à la désolation de sa pieuse mère. Le peuple commençait à murmurer ; peut-être n’aurait-il pas tardé à se porter à quelque terrible extrémité, mais le temps manqua. Sur un soupçon jaloux, Mallee-Row tua, dans un accès de colère, un brodeur accusé d’être l’amant d’une femme de sa maison. L’innocence de celui-ci ayant été reconnue peu après ce meurtre, Mallee-Row devint en proie à des terreurs qui, achevèrent de lui troubler l’esprit. Les Indous attribuent aux esprits des morts la puissance de nuire aux vivants dont ils ont eu à se plaindre. Le brodeur passait en outre pour un homme doué d’un pouvoir surnaturel ; on prétendit qu’il avait averti Mallee-Row de ne pas le tuer, ou qu’il en tirerait une terrible vengeance. En conséquence, le peuple attribua le délire de Mallee-Row, et celui-ci tout le premier, à l’esprit du brodeur qui maintenant venait le visiter, le tourmenter. La mère de ce prince, Ahalya-Bae, célèbre par sa piété, partageait cette croyance ; aussi passait-elle les jours et les nuits au chevet du lit de son fils, versant d’abondantes larmes, livrée à de longues prières, faisant tous ses efforts pour apaiser l’esprit, pour lui persuader d’abandonner sa victime ; lui promettant un temple, des prêtres, de riches offrandes ; mais une voix répondait : « Il m’a tué innocent, il me faut sa vie. » Le désordre d’esprit de Mallee-Row ne tarda pas à produire une fièvre cérébrale, sous laquelle il succomba. Événement assez insignifiant par lui-même, mais