Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pandait d’une main libérale. Était-il content d’un soldat, il avait coutume de dire : « Qu’on remplisse son bouclier de roupies. » Au faîte de sa puissance, il ne cessa jamais de montrer au peschwah la plus extrême déférence ; Madajee-Scindiah avait fait de même, mais on disait de Mulhar-Row qu’il faisait par le cœur ce que l’autre ne faisait que par la tête ; c’est-à-dire par calcul.

Mulhar-Row n’eut qu’un fils, Kundar-Row, tué peu d’années avant la bataille de Paniput. Le fils de ce dernier, Mallee-Row, fut son successeur. Sa mort fut à peine connue du peschwah que celui-ci se hâta d’envoyer à son petit-fils le khelaut ou habillement d’honneur ; ce jeune homme, après un règne de fort courte durée, eut une fin tragique. Dès sa plus tendre enfance, il n’avait cessé de donner des signes non équivoques d’une intelligence faible, désordonnée ; dès qu’il fut sur le trône, sa tête acheva de se déranger. On le vit se livrer sans aucune retenue aux actes les plus criminels et les plus insensés. Il se plaisait à accabler de mauvais traitements, de vexations cruelles tous ceux qui l’approchaient, mais surtout les brahmes. À ceux-ci, il distribuait parfois des voiles, des vêtements, des corbeilles pleines de fruits ou de légumes ; mais en général, quelque scorpion, ou quelque autre reptile venimeux se trouvait caché dans ce présent perfide. Dans son empressement à se saisir de l’offrande, le saint mendiant se faisait-il piquer, ce qui mettait sa vie en danger, c’était pour