Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 4.djvu/536

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ce dernier résiste, et ses compatriotes le soutiennent. Au milieu de ce tumulte, une voix s’écrie que Nadir est mort ; cette nouvelle encourage le peuple dans sa résistance, de nombreux conflits s’ensuivent, plusieurs soldats persans sont égorgés. Instruit de ce qui se passe, Nadir rassemble sa garde, et va prendre position auprès de cette mosquée, où il demeure jusqu’au matin du jour suivant. Jusqu’à ce moment, il s"était borné à tenir tête à la sédition ; mais un de ses officiers favoris est tué à ses côtés. Dès lors la colère du conquérant, jusque là enchaînée, ne connaît plus de bornes ; il ordonne le massacre général de ce qui respire à Delhi. Les soldats irrités reçoivent cet ordre avec de grands cris de joie ; ils se répandent de tous côtés, précipitent leurs chevaux sur les masses serrées qui encombrent les rues, frappent de la lance, du sabre et de l’épée, tout ce qui se présente, hommes, femmes, enfants et vieillards. À midi, 100,000 cadavres encombraient les rues, gisant dans leur sang. Au milieu de ces funérailles, les plus vastes qui eussent encore épouvanté le monde, Nadir-Shah ne quitte point la mosquée. Alors, accompagné de ses principaux officiers, l’empereur, humble et suppliant, les yeux baissés, ose paraître en présence du conquérant. Les omrahs qui le précèdent se prosternent devant Nadir, le front dans la poussière, avec ces seuls mots : « Grâce, grâce, grâce pour Delhi ! » L’empereur, dont l’émotion par trop forte étouffe dans la poi-