Aller au contenu

Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abolissant cette coutume, ils savent trop, par une douloureuse expérience, que le système de vente qui lui a été substitué dans le cours d’un fort petit nombre d’années a suffi pour réduire le plus grand nombre des plus riches et des plus anciens zemindars du Bengale à la misère, à la mendicité ; que ce système a produit plus de bouleversements dans la propriété territoriale du Bengale qu’il n’en est jamais arrivé, dans le même espace de temps, à aucune époque, et en aucun lieu du monde. » Sir Henry Strachery dit encore devant la chambre des Communes : « Autrefois les chefs mahométans et les zemindars indous étaient les hommes considérables du pays. Ces deux classes sont aujourd’hui ruinées de fond en comble, détruites à jamais. »

Chose bizarre, les ryots n’avaient pas moins à souffrir que les zemindars de ces nouveaux règlements. Lord Cornwallis et ceux qui l’aidaient ne doutaient pas que le zemindar, devenu propriétaire, n’eût intérêt à les ménager. D’ailleurs il avait été établi qu’une pottah, qu’une patente, serait donnée aux ryots, et que cette pottah serait invariable. Or ici se rencontrait une singulière contradiction ; le zemindar, ne pouvant plus augmenter la rente payée par le ryot, devait faire tous ses efforts au besoin pour le renvoyer, afin de louer sa terre plus cher à un autre, seul moyen qui lui restait d’accroître son revenu. Le bénéfice étant certain toutes les fois que la main-d’œuvre se vendait à meilleur marché