Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/194

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sur la rive gauche de la Suttlège, à Loodana. On vit bien alors que cette tentative de Runjeet-Sing, d’étendre son pouvoir sur le territoire situé entre la Jumna et la Suttlège, tenait uniquement à la résolution annoncée par les Anglais de renoncer à toute influence sur les petits princes de ces contrées. L’indépendance d’un État à l’égard d’un plus fort était une idée qui ne pouvait entrer dans des têtes indoues. Peu après ces événements, une mission fut envoyée à Lahore au sujet d’une invasion française qu’on ne cessait de redouter, et un traité fut conclu entre Runjeet-Sing et le gouvernement anglais. Les Anglais prenaient l’engagement de ne point intervenir dans les affaires intérieures de Lahore, et le rajah celui de ne jamais maintenir sur la rive septentrionale de la Suttlège une force plus considérable que celle nécessaire à l’administration intérieure de ses districts situés de ce côté. Les Anglais, aussitôt le traité conclu, s’empressèrent de retirer une portion des troupes qu’eux-mêmes avaient dans ces environs, ce qui acheva de convaincre Runjeet-Sing de leur bonne foi et de leur modération, du moins par rapport à lui.

Cependant Napoléon, au milieu de ses vastes projets, en même temps qu’il parcourait en vainqueur les capitales de l’Europe, ne perdait pas tout-à-fait de vue l’Orient. Un des rêves de son enfance avait été d’y réaliser une grande destinée. Mis en inactivité de service après le siège de Toulon, il songea, dit-on, à passer en Turquie. Plus tard