Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tirer les troupes avant que le traité n’eût été signé.

La cour des directeurs partagea de son côté l’avis de lord Minto sur l’avantage d’une alliance défensive avec le rajah de Nagpore ; c’était bien là cependant sacrifier encore une fois ce système de neutralité politique et de renonciations toutes les alliances que la cour des directeurs, le parlement, avaient sans cesse recommandées ; qu’ils avaient spécialement chargé lord Minto d’appliquer. Au reste, de nouvelles et de plus importantes déviations à ce système n’allaient pas tarder à devenir nécessaires. La dissolution de l’État de Holkar, les désordres intérieurs qui déchiraient ceux de Scindiah, l’esprit séditieux manifesté par plusieurs des feudataires du nizam, une armée considérable sous les ordres de Ameer-Khan, annonçaient de grands événements dans un avenir rapproché. Au dire de beaucoup, Ameer-Khan nourrissait aussi au fond du cœur le projet d’une restauration du pouvoir mahométan dans tout l’Indostan. Jadis un mendiant renommé par sa sainteté lui avait dit : « Tu t’assiéras un jour sur le trône de Delhi. » Les partisans du chef de Pindarries allaient répétant cette prédiction çà et là. Le moment eût été sans doute favorable pour l’exécution de semblables projets, tout gigantesques qu’ils fussent. Mais il s’en fallait du tout au tout qu’Ameer-Khan fût à la hauteur de ce rôle. Ne cessant jamais d’agir au nom de Holkar, il borna constamment toute son ambition à être un chef de bande plus considérable que les autres.