Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/206

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À cette époque, une réconciliation si long-temps désirée fut effectuée avec les rajahs de Jeypoor et d’Odeypoor : des circonstances en firent une cruelle et touchante tragédie. On imagina de cimenter cette réconciliation par un double mariage : Jugguz-Sing devait épouser la fille de Maun-Sing, et ce dernier la sœur de Jugguz-Sing. Mais, pour l’accomplissement de ces doubles noces, la mort de Kishen-Kower, la belle princesse de Odeypoor, parut un sacrifice nécessaire à l’honneur des prétendants qui se l’étaient disputée, et aussi un garant de leur tranquillité future. Ameer-Khan se trouvait à Odeypoor au moment où se discuta cette question de vie ou de mort ; on lui reprocha d’y avoir pris une part active. Il représenta aux conseillers du prince la difficulté d’établir jamais une paix durable tant que la cause de la guerre subsisterait. Il insista auprès du rajah sur l’impossibilité de donner jamais sa fille en mariage à un autre chef sans offenser les deux plus puissants princes de Rajpootana. L’orgueil de famille venait ajouter tout son poids à ces arguments fondés sur la politique ; dans l’Inde, c’est une tache, une disgrâce, un déshonneur pour une famille que d’avoir parmi ses membres une fille non mariée. Aucun de ces raisonnements, aucune de ces menaces n’avaient pu l’emporter dans le cœur du malheureux père sur la voix du sang. Mais une sœur de Kishen-Kower se trouva plus accessible aux terribles arguments du point d’honneur et de la politique. Au nom de leur